Le 18 mars 1915 marque l’un des épisodes les plus tragiques de la Première Guerre mondiale pour la Marine française. Cet article commémore le centenaire du naufrage du cuirassé “Le Bouvet” et rend hommage aux marins qui ont perdu la vie lors de cette opération militaire aux conséquences désastreuses.
L’expédition des Dardanelles
Il y a cent ans, le cuirassé « Le Bouvet », imposant navire de guerre de la Royale (Marine Française), participait à une ambitieuse expédition Franco-Britannique aux Dardanelles. Cette opération militaire d’envergure avait été conçue selon les plans stratégiques du premier Lord de l’Amirauté britannique, Winston Churchill. L’objectif principal était de débarquer des forces alliées en Turquie afin de prendre le contrôle du détroit des Dardanelles, permettant ainsi de libérer l’accès à la Mer Noire, qui constituait à l’époque le seul passage maritime pour ravitailler efficacement la Russie Impériale, alliée cruciale dans le conflit contre les Empires centraux.
Le naufrage tragique
Le 18 mars 1915, alors que la flotte alliée tentait de forcer le passage du détroit, le destin du Bouvet bascula tragiquement. Le puissant cuirassé percuta une mine sous-marine posée par les forces ottomanes quelques jours auparavant dans le cadre de leur système de défense du détroit. L’explosion fut dévastatrice pour ce navire de la classe “Pré-Dreadnought”, qui, malgré sa robustesse, coula en moins de trois minutes dans les eaux glacées du détroit.
Le commandant du navire et son second, le capitaine de frégate Jean-Baptiste Autric, n’eurent pas le temps d’organiser l’évacuation et périrent avec environ 650 autres marins. Cette catastrophe maritime représenta l’une des pertes les plus importantes en vies humaines pour la Marine française durant la Première Guerre mondiale.
L’héritage du capitaine Autric
Le capitaine de frégate “Jean-Baptiste Autric”, officier de la Légion d’Honneur et marin expérimenté, fut officiellement déclaré “Mort pour la France” le 18 mars 1915. Fait remarquable qui témoigne de son intuition de marin aguerri, il avait pressenti que l’expédition comportait des risques considérables. Avant de partir pour cette mission périlleuse, il prit la précaution de laisser à Toulon plusieurs effets personnels, dont son précieux sextant de marine, instrument symbolique de sa carrière d’officier de marine.
Pour honorer sa mémoire et son sacrifice, la Marine nationale française baptisa en son honneur le sous-marin Jean-Autric, un ancien U-Boat 105 réquisitionné à l’Allemagne comme dédommagement de guerre après l’armistice de 1918. Ce geste symbolique perpétua le souvenir de cet officier valeureux dans l’histoire navale française.
En mémoire
Il y a maintenant plus d’un siècle, aux Dardanelles, des centaines de marins français ont perdu la vie dans l’accomplissement de leur devoir. Cette tragédie maritime s’inscrit dans la longue liste des sacrifices consentis pendant la Première Guerre mondiale, conflit qui a profondément transformé l’Europe et ses relations internationales.
Aujourd’hui, alors que nous commémorons cet événement, il est essentiel que le souvenir de ces hommes et de leur sacrifice ne s’efface pas. Leur mémoire nous rappelle le prix de la guerre et nous invite à œuvrer sans relâche pour construire une Europe plus unie, plus pacifique et plus fraternelle que jamais.
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